重温《恶之花》之“让娜组诗”(五):《“我留赠给你这些诗篇……”》《午后的歌》《鬼魂》《自惩之人》(附原诗)
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《波德莱尔》(库尔贝绘) |
《“我留赠给你这些诗篇……”》
(本诗首次发表于1857年4月20日《法兰西评论》,原标题为《十四行诗》(Sonnet),是波德莱尔咏唱让娜•迪瓦尔的最后一首诗)
我留赠给你这些诗篇,是为
大名若有幸停泊在遥远纪元,
如扬帆的航船偏得朔风欢喜,
某晚令世人的脑海梦想联翩,
对你思念,那仿佛天方夜谭,
犹如絮叨的扬琴令读者疲倦,
但借助于亲密和神奇的纽带,
回忆将与我高傲的诗韵永伴;
从阿鼻地狱到九天,除了我,
有谁会为挨骂的你挺身呼喊!
——你呵,似幽灵昙花一现,
用轻灵的脚步,从容的慧眼,
去蔑视对你品头论足的蠢蛋,
你如大神的雕像,铜额亮眼!
“Je te donne ces vers afin que si mon nom...”
Je te donne ces vers afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
Vaissequ favorisé par un grand aquilon,
Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;
Etre maudit à qui, de l’abîme profond
Jusqu’au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond !
- O toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,
Foules d’un pied léger et d’un regard serein
Les stupides mortels qui t’ont jugée amère,
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain !
《午后的歌》
(本诗首次发表于1860年10月15日《艺术家》)
你蹙眉样子很调皮,
令你的神情怪异,
那并非天使的模样,
你这媚眼的巫女,
我爱你呵,风流女,
可怕激情充满胸臆!
就如同虔诚的教士
对着偶像膜拜顶礼。
大漠和森林,
熏香你粗硬发髻,
你搔首弄姿,
像隐含禅机咒语。
幽香弥漫你的冰肌,
似香炉环绕着你;
你如黄昏一样迷人,
热情黑肤的仙女。
呵!最厉害的春药,
难与你的慵倦匹敌,
而且你最善于温存,
死人都会重现生机!
你的丰胸和背脊,
使你腰肢充满爱意,
惹人爱怜的慵懒,
连床垫也心醉神迷。
有时,为了要平息
对你神秘的狂迷,
你也一本正经送上
吻咬,毫不吝惜;
你折磨我,棕色美女,
带着戏谑的笑意,
又将温情如月的一瞥
投射进我的心里。
在你的缎鞋之下,
在丝般迷人的脚底,
我带着莫大欣喜,
供奉全部命运才艺,
我的灵魂因你而痊愈,
只因你光明绚丽!
黝暗的西伯利亚心底,
激情迸发出奇迹!
Chanson d’Après-Midi
Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n’est pas celui d’un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,
Je t’adore, ô ma frivole,
ma terrible passion!
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.
Le désert et la forêt
Embaument tes tresses rudes,
Ta tête a les attitudes
De l’énigme et du secret.
Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d’un encensoir ;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.
Ah ! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse
Qui fait revivre les morts !
Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins,
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses.
Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le baiser ;
Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon coeur
Ton oeil doux comme la lune.
Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie,
Moi, je mets ma grande joie,
Mon génie et mon destin,
Mon âme par toi guérie,
Par toi, lumière et couleur !
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie !
《鬼魂》
(本诗首次发表于1857年第一版《恶之花》)
我似褐眼天使,
重返你的闺房,
伴着浓浓夜影,
无声将你依傍。
我吻冷若月亮,
送你棕发女郎,
还有缠绵爱抚,
似蛇盘绕坟圹。
清晨露出微光,
我床早已空荡,
至夜冰冷如霜。
他人温情脉脉,
爱你生命春光,
我便独辟蹊径用恐惶。
Le Revenant
Comme les anges à l’oeil fauve,
Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit
Avec les ombres de la nuit ;
Et je te donnerai, ma brune,
Des baisers froids comme la lune
Et des caresses de serpent
Autour d’une fosse rampant.
Quand viendra le matin livide,
Tu trouveras ma place vide,
Où jusqu’au soir il fera froid.
Comme d’autres par la tendresse,
Sur ta vie et sur ta jeunesse,
Moi, je veux régner par l’effroi.
《自惩之人——致J. G. F.》
(本诗作于1855年,首次发表于1857年5月10日《艺术家》。
1855年4月7日,波德莱尔曾在一封信中解释这首诗的构思:“让我在爱中休憩。然而,爱情不让我休息。天真和善良令人作呕。要使我欢乐,让我的欲望重焕青春,你就必须残忍、欺骗、放荡、无耻和偷窃成性;否则,我就痛打你,但不动气。因为我是嘲讽的真正代表,我的病在某种意义上绝对无法治愈。”
自惩之人,原文为l’Héautontimorouménos,研究者对该诗的标题有两种不同的解释:
一说认为出自古罗马喜剧作家泰伦斯(Térence,公元前190-公元前159)的一部喜剧,剧中主人公已决定放逐逆子,事后又十分后悔;
另一说认为出自法国政论家、教育家和外交家迈斯特尔的访谈录《圣彼得堡夜话》(Soirées de Saint-Pétersbourg)中的一句话,“一切恶人都是自惩之人。”
J. G. F.,人名,不详,一说为“致可爱的女人让娜”(A Jeanne Gentille Femme),另一说为“致朱丽叶•热克丝-法贡”(A Juliette Gex-Fagon),但两说均无确凿考证)
我要打你,但不动气,
如庖丁解牛并无恨意,
又好似摩西击打岩壁*!
我还要让你的眼睛里
再喷涌出痛苦的水溪,
去浇灌撒哈拉的沙地。
让充溢着希望的情欲
畅游在你咸湿的泪里,
有如航船去出海游弋,
在醉饮你泪水的心底
响起你那可人的唏嘘,
仿佛在鼙鼓声中进击!
在神圣的交响乐曲里,
难道我是不谐的旋律?
或幸亏激烈的揶揄在
啮噬和纷扰我的思绪?
那尖吼发自我的声音里!
我全身的血是黑色毒剂!
我好似一面不祥的魔镜,
泼妇在镜中端详着自己!
我是伤口,我又是刀具!
我是耳光,我也是脸皮!
我是四肢又是车轮刑具**,
我是屠夫,我也是祭礼!
我就是我心的吸血鬼,
——被弃的要犯之一,
虽然被判处狂笑不息,
却再难绽出一丝笑意!
*典出《旧约•出埃及记》第十七章,耶和华令摩西击打磐石取水,以解百姓之渴。
**车轮刑(supplice de la roue),古时的一种刑罚,将犯人打断四肢后绑在车轮上任其死去。
L’Héautontimorouménos
——A J. G. F.
Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comnme un boucher,
Comme Moïsele rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour avreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d’espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu’ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C’est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde !
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !