阿波利奈尔诗歌《释梦》(Onirocritique)汉译
简介:《释梦》是阿波利奈尔的作品《腐烂的魔法师》(L’Enchanteur pourrissant)中的最后一章,这首诗讲了亚瑟王的法师梅林和仙女薇薇安(Viviane)之间的对话,最后梅林被湖泊夫人(Dame du lac)杀死,躺在棺材里,做了一个梦,此梦就是这首诗的内容。胡戈·弗里德里希在《现代诗歌的结构》一书关于超现实主义的一章“非逻辑诗歌”中引用了这首诗,他从中看出了兰波的延续,如同《彩图集》的一个伪造的续篇(见《现代诗歌的结构》179页)。这首诗最大的特点就是它使用一系列具体名词,将它们与毫无关联的动词、物主形容词、修饰形容词并列使用,达到逻辑上的完全断链,句子与句子之间的叙事也是断裂的,但是通过这一系列的非逻辑拼凑,整首诗仍旧建构出了一个个形象性强,可以想象出具体画面的图像,而且,虽然本诗只是为了将诗人所梦场景一个个拼凑进诗歌之中,但是读到最后的读者会发现,这些场景串联到一起,竟然是一个港式无厘头式的有些无稽却十分可笑的有剧情的故事。这就是典型的超现实主义的艺术追求,超现实主义基础写作方法是自动写作,就是为了让诗人在写作过程中如同做梦一般,完全靠潜意识进行创作,放弃任何已有经验的干扰,放弃任何逻辑的干扰,这让超现实主义诗歌与精神病人的脑回路合流,因此大家广泛认为阿波利奈尔是超现实主义的先驱,胡戈·弗里德里希甚至认为,直到超现实主义消亡,他们最有价值的诗人都仍是这位先驱。
释梦
阿波利奈尔
天空的炭火太近,我惶惧它们的炽焰,它们快要烧到我了。但我意识到男女的永恒性不同。两只不同的动物交媾,玫瑰从加重月光的藤蔓上长出。猿猴的咽喉喷出火焰,以百合花装点世界。香桃木生长的地方,一只白鼬正在发白。我们问他虚假冬季的原因。我吞下黝黑的牛群。奥肯尼斯(1)出现天际,我们向这座城市走去,懊悔苹果树歌唱、吹哨、嘶吼的山谷,但耕地的歌声依旧美妙。
奥肯尼斯的大门前
有个车夫要进入。
奥肯尼斯的大门前
有个乞丐要离开。
城市的卫兵
跑向乞丐。
"你要带什么出城?"
"我把我的心留在那里"。
城市的卫兵
跑向车夫。
"你要带什么进城?"
"我的心,为了结婚。"
奥肯尼斯里有什么心?
卫兵笑了,笑得开怀。
乞丐的路是灰的。
车夫的爱是灰的,噢!
城市里英俊的卫兵,
衣衫编得富丽堂皇,
一点一点地关上了,
这座城市的大门。
但我意识到男女的永恒性不同。天空哺乳着豹子。我看到手上深红色的斑点。临近早晨时,海盗夺走了港口的九艘船。女人不想为死者哀悼,她们更喜欢年老的国王,在爱情上比老狗更强。一个牧师想代替祭祀品被烧,他们打开他的肚皮,我看见四个I,四个O,四个D(2)。 鲜肉端到我们面前,吃完后我突然长大了。 猴子如他们的树般侵害古墓,我叫来一只长着月桂的野兽,它带来一个单颗珍珠做的头。我把它抱在怀里,威胁将它掷回海中,若它不回我话,然后开始审问。于是海浪将无知的珍珠吞噬。
但我意识到男女的永恒性不同,两种不同的动物彼此相爱,但国王没有因为这笑死去,二十个盲裁缝来此,要织剪出一件面纱盖住缠丝玛瑙,我倒退着引领他们。傍晚时分临近,树木飞走了,猴子不动了,而我看到自己成百倍增加。我所在的部队坐在海边,巨大的金舰驶过天际,当夜色深沉,一百团火来此见我。我生了一百个儿子,乳母是月亮和山丘,他们喜欢人们在阳台挥舞的剃了骨的国王。当我走到一条河边,便将它拿起挥舞,用这把剑解了我的渴。泉水无精打采,它警告我,如果我阻止太阳,我就会看到它在现实中变方。成百倍增加的我向群岛游去,一百个水手将我迎迓,他们将我带入一座宫殿,杀了我九十九次。那一刻我哈哈大笑,在他们哭的时候跳起了舞,我四爪着地跳着舞,水手们不敢动弹,因为我外表可怕像狮子......
四爪着地,四爪着地。
我的胳膊和腿都是一样,我的眼睛成倍增加,正专注给我戴上王冠。然后我站起来,如手和树叶般舞蹈。
我戴着手套。岛民将我带到果园,要我像女人一样摘果。岛屿随波逐流填满了一个海湾,红树便马上从那儿的沙中长出。长满白羽的软兽唱着不可言喻的歌,整个民族欣赏着它而不觉得累,我发现地上有一个单颗珍珠做的头在哭,我举起河,人群散去。老人吃着野芹,不死者不会比死者更痛。我觉得自己很自由,像生在自己季节的花一般自由。太阳不会比成熟的果自由。一群树在看不见的星上吃草,黎明给了风暴一只手。香桃木生长的地方,我们遭受阴影的影响。整个民族挤在一间压榨工场里,唱着歌,流着血,人诞生于压榨工场流出的酒。他们挥舞别的河,相互击鸣出银色的声。阴影从桃金娘中走出,进入人与动物之眼的根蘖浇灌的小园。最美的人类扼住我的咽喉,但我设法把他放倒,他跪在地上给我看他的牙齿,我触摸它们,声音便从里面出来,变成栗色的蛇,它们的语言叫圣法博。它们掘出一条透明的根啃食,萝卜那么大的根。我的河静止时将它们淹没而未淹死。天空满是排遗物与洋葱。我诅咒那些不配将光亮流淌地球之上的星。再没有活物出现,但四面八方都传来了歌声。我参观了空旷的城市和废弃的小屋,我收集了所有国王的冠冕,冒充起唠叨世界不动的臣。没有水手的金舰驶过天际,阴影巨人般笼罩着远帆,几个世纪以来,我与这些阴影隔绝。我感到绝望,但我意识到男女的永恒性不同。完全不同的阴影用爱阴暗了帆的猩红,而我的眼在河流、城市、山上的雪中成倍增加着。
译者:徐志鸿
注释:
(1)奥肯尼斯:亚瑟王的城堡。
(2)这三个字母组成了 "Iod",一个半元音,象征着雅威(旧译耶和华)的名字。
原文:
Onirocritique
Les charbons du ciel étaient si proches que je craignais leur ardeur. Ils étaient sur le point de me brûler. Mais j’avais la conscience des éternités différentes de l’homme et de la femme. Deux animaux dissemblables s’accouplaient et les rosiers provignaient des treilles qu’alourdissaient des grappes de lune. De la gorge du singe, il sortit des flammes qui fleurdelisèrent le monde. Dans les myrtaies, une hermine blanchissait. Nous lui demandâmes la raison du faux hiver. J’avalai des troupeaux basanés. Orkenise parut à l’horizon. Nous nous dirigeâmes vers cette ville en regrettant les vallons où les pommiers chantaient, sifflaient et rugissaient. Mais le chant des champs labourés était merveilleux :
Par les portes d’Orkenise Veut entrer un charretier, Par les portes d’Orkenise Veut sortir un va-nu-pieds.
Et les gardes de la ville Courant sus au va-nu-pieds : «Qu’emportes-tu de la ville ?» «J’y laisse mon cœur entier.» Et les gardes de la ville Courant sus au charretier : «Qu’apportes-tu dans la ville ?» «Mon cœur pour me marier.» Que de cœurs dans Orkenise ! Les gardes riaient, riaient. Va-nu-pieds la route est grise, L’amour grise ô charretier. Les beaux gardes de la ville, Tricotaient superbement; Puis, les portes de la ville Se fermèrent lentement.
Mais j’avais la conscience des éternités différentes de l’homme et de la femme. Le ciel allaitait ses pards. J’aperçus alors sur ma main des taches cramoisies. Vers le matin, des pirates emmenèrent neuf vaisseaux ancrés dans le port. Les monarques s’égayaient. Et, les femmes ne voulaient pleurer aucun mort. Elles préfèrent les vieux rois, plus forts en amour que les vieux chiens. Un sacrificateur désira être immolé au lieu de la victime. On lui ouvrit le ventre. J’y vis quatre I, quatre O, quatre D. On nous servit de la viande fraîche et je grandis subitement après en avoir mangé. Des singes pareils à leurs arbres violaient d’anciens tombeaux. J’appelai une de ces bêtes sur qui poussaient des feuilles de laurier. Elle m’apporta une tête faite d’une seule perle. Je la pris dans mes bras et l’interrogeai après l’avoir menacée de la rejeter dans la mer si elle ne me répondait pas. Cette perle était ignorante et la mer l’engloutit.
Mais j’avais la conscience des éternités différentes de l’homme et de la femme. Deux animaux dissemblables s’aimaient. Cependant les rois seuls ne mouraient point de ce rire et vingt tailleurs aveugles vinrent dans le but de tailler et de coudre un voile destiné à couvrir la sardoine. Je les dirigeai moi-même, à reculons. Vers le soir, les arbres s’envolèrent, les singes devinrent immobiles et je me vis au centuple. La troupe que j’étais s’assit au bord de la mer. De grands vaisseaux d’or passaient à l’horizon. Et quand la nuit fut complète, cent flammes vinrent à ma rencontre. Je procréai cent enfants mâles dont les nourrices furent la lune et la colline. Ils aimèrent les rois désossés que l’on agitait sur les balcons. Arrivé au bord d’un fleuve, je le pris à deux mains et le brandis. Cette épée me désaltéra. Et la source languissante m’avertit que si j’arrêtais le soleil je le verrais carré, en réalité. Centuplé, je nageai vers un archipel. Cent matelots m’accueillirent et m’ayant mené dans un palais, ils m’y tuèrent quatre-vingt-dix-neuf fois. J’éclatai de rire à ce moment et dansai tandis qu’ils pleuraient. Je dansai à quatre pattes. Les matelots n’osaient plus bouger, car j’avais l’aspect effrayant du lion...
À quatre pattes, à quatre pattes.
Mes bras, mes jambes se ressemblaient et mes yeux multipliés me couronnaient attentivement. Je me relevai ensuite pour danser comme les mains et les feuilles.
J’étais ganté. Les insulaires m’emmenèrent dans leurs vergers pour que je cueillisse des fruits semblables à des femmes. Et l’île, à la dérive, alla combler un golfe où du sable aussitôt poussèrent des arbres rouges. Une bête molle couverte de plumes blanches chantait ineffablement et tout un peuple l’admirait sans se lasser. Je retrouvai sur le sol la tête faite d’une seule perle et qui pleurait. Je brandis le fleuve et la foule se dispersa. Des vieillards mangeaient l’ache et immortels ne souffraient pas plus que les morts. Je me sentis libre, libre comme une fleur en sa saison. Le soleil n’est pas plus libre qu’un fruit mûr. Un troupeau d’arbres broutait les étoiles invisibles et l’aurore donnait la main à la tempête. Dans les myrtaies, on subissait l’influence de l’ombre. Tout un peuple entassé dans un pressoir saignait en chantant. Des hommes naquirent de la liqueur qui coulait du pressoir. Ils brandissaient d’autres fleuves qui s’entrechoquaient avec un bruit argentin. Les ombres sortirent des myrtaies et s’en allèrent dans les jardinets qu’arrosait un surgeon d’yeux d’hommes et de bêtes. Le plus beau des hommes me prit à la gorge, mais je parvins à le terrasser. À genoux, il me montra les dents. Je les touchai; il en sortit des sons qui se changèrent en serpents de la couleur des châtaignes et leur langue s’appelait Sainte-Fabeau. Ils déterrèrent une racine transparente et en mangèrent. Elle était de la grosseur d’une rave. Et mon fleuve au repos les surbaigna sans les noyer. Le ciel était plein de fèces et d’oignons. Je maudissais les astres indignes dont la clarté coulait sur la terre. Nulle créature vivante n’apparaissait plus. Mais des chants s’élevaient de toutes parts. Je visitai des villes vides et des chaumières abandonnées. Je ramassai les couronnes de tous les rois et en fis le ministre immobile du monde loquace. Des vaisseaux d’or, sans matelots, passaient à l’horizon. Des ombres gigantesques se profilaient sur les voiles lointaines. Plusieurs siècles me séparaient de ces ombres. Je me désespérai. Mais, j’avais la conscience des éternités différentes de l’homme et de la femme. Des ombres dissemblables assombrissaient de leur amour l’écarlate des voilures, tandis que mes yeux se multipliaient dans les fleuves, dans les villes et dans la neige des montagnes.
© 本文版权归 豰安徐志鸿 Xu Z 所有,任何形式转载请联系作者。
© 了解版权计划