杂志摘读:家长们清楚地意识到智能手机存在问题
Nessstand Digest
杂志摘读
« Les parents voient bien qu'il y a un problème avec les smartphones »
“家长们清楚地意识到智能手机存在问题”
——法国周刊杂志L'Express (封面文章) 1.9~15,2025
框架大纲
评述
这篇文章围绕乔纳森·海特在《焦虑的一代》中提出的观点展开,探讨了智能手机和社交网络对青少年心理健康的影响,引发人们对当下青少年成长环境的深度思考。
- 观点鲜明且具警示性:海特明确指出智能手机和社交网络的兴起与青少年焦虑、抑郁等心理健康问题的增加存在直接联系。他列举美国青少年抑郁症诊断和自杀率数据的变化,以及这些数据与智能手机普及时间的契合,有力地支撑了这一观点。这种警示让社会正视数字技术对青少年心理健康的潜在威胁,对引导家长、教育者和政策制定者采取措施保护青少年心理健康具有重要意义。
- 多维度分析问题
- 技术影响层面:海特详细阐述了智能手机如何改变青少年的生活方式。如美国半数青少年几乎时刻在线,手机占据他们大量时间,使他们远离真实社交、面对面游戏、阅读和兴趣爱好等有益活动。这清晰地展示了技术对青少年正常成长路径的干扰,揭示了数字世界对现实世界的挤压。
- 社会现象层面:分析了家长在现实生活中过度保护孩子,却在数字世界中对孩子保护不足的矛盾现象。解释了这种现象背后是媒体引发的道德恐慌,以及对互联网风险认识的滞后,促使人们反思现代育儿方式的合理性。
- 性别差异层面:探讨了社交网络对男孩和女孩心理健康影响的差异。女孩因更注重社交信息,易受社交比较和视觉评价影响,在社交网络上面临更多心理健康风险;男孩虽受社交比较影响小,但可能被鼓励做出危险行为,且数字环境不利于他们融入学校和职场。这种性别差异分析为针对性解决青少年心理健康问题提供了方向。
- 应对建议具可行性和前瞻性:海特提出的公共当局应在学校全面禁止智能手机,家长应禁止14岁以下孩子使用智能手机、16岁以下孩子使用社交网络的建议,具有很强的现实指导意义。这些建议考虑到了青少年身心发展特点和数字技术的危害,为保护青少年免受数字技术负面影响提供了直接的操作方法。同时,他鼓励孩子在户外自由玩耍、创建“自由玩耍俱乐部”的提议,有助于促进青少年的健康成长和社交能力发展,对改善青少年成长环境具有前瞻性。
- 引发科学辩论,推动深入研究:文章提及海特的观点引发了科学辩论,有科学家质疑其因果关系的论证。这种辩论促使科学界更严谨地研究智能手机与青少年心理健康的关系,推动研究从不同角度、采用更科学的方法深入探究,有助于得出更准确、全面的结论,为解决问题提供更坚实的理论依据。
- 存在的局限性:虽然海特列举了很多数据和案例,但部分观点仍存在争议。比如,他在论证智能手机与心理健康因果关系时,尽管提供了企业内部数据和实验结果,但仍未能完全排除其他因素的干扰。此外,他对社交网络对青少年的积极影响探讨较少,对互联网整体和社交网络的区分也不够细致,可能会让读者对数字技术产生片面认知 。
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原文及翻译
« Les parents voient bien qu'il y a un problème avec les smartphones »
Dossier En couverture
ENTRETIEN EXCLUSIF
Dans Génération anxieuse, le psychologue américain Jonathan Haidt s'alarme des effets des smartphones et des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes.PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS MAHLER
Aucun livre n'a eu plus d'impact en 2024. Paru en anglais en mars, The Anxious Generation s'est déjà vendu à plus d'un million d'exemplaires et figure depuis quarante semaines dans la liste des best-sellers du New York Times. Son auteur, Jonathan Haidt, éminent psychologue social et professeur à la New YorkUniversity, alerte sur les conséquences de ce qu'il nomme « le grand recâblage de l'enfance ». Comme sa consoeur Jean Twenge, il établit un lien direct entre l'avènement des smartphones et des réseaux sociaux depuis le début des années 2010 et les problèmes de santé mentale qui touchent la génération Z de manière concomitante. Un cinquième des étudiants américains ont été diagnostiqués ou traités pour une dépression en 2019, contre un dixième dix ans plus tôt. Les suicides ont plus que doublé chez les filles américaines âgées de 10 à 14 ans depuis 2010.
Pour Jonathan Haidt, la technologie numérique et des réseaux comme Instagram ou TikTok, qui monopolisent l'attention et isolent les adolescents, ne sont pas les seuls responsables. Si les mineurs sont souvent laissés libres avec leur téléphone, ils sont en revanche surprotégés par leurs parents dans la vraie vie, alors même que les jeux sans surveillance sont essentiels pour leur développement.
Le best-seller a suscité un intense débat scientifique. Dans la revue Nature, la psychologue Candice Odgers lui a reproché de confondre corrélation et causalité, assurant que les jeunes qui ont des problèmes de santé mentale utilisent plus les réseaux sociaux que les autres. A l'inverse, Bill Gates, pourtant cofondateur de Microsoft, l'a qualifié « de lecture incontournable pour tous ceux qui élèvent ou enseignent à des jeunes », tandis que The Economist, le New York Times ou le Wall Street Journall'ont classé parmi les meilleurs livres de 2024. Surtout, Jonathan Haidt a lancé un débat mondial. Le 28 novembre, le Parlement australien a ainsi approuvé une loi interdisant les réseaux sociaux pour les moins de 16 ans, une préconisation du psychologue.
En amont de la parution française de Génération anxieuse aux éditions Les Arènes le 16 janvier, Jonathan Haidt a accordé un entretien exclusif à L'Express. Il défend sa thèse, explique les différences entre garçons et filles et donne ses conseils aux parents.
Vous établissez un lien direct entre l'avènement des smartphones et des réseaux sociaux, que vous nommez « le grand recâblage », et une hausse des problèmes d'anxiété et de dépression sur les jeunes. Sur quoi vous appuyez-vous ?
Jonathan Haidt Qu'est-ce que l'enfance ? C'est une stratégie évolutionnaire des mammifères pour permettre le développement du cerveau, notamment grâce au jeu. Tous les mammifères jouent. Quand les milléniaux, c'est-à-dire ceux nés dans les années 1980 et 1990, ont connu leur puberté, ils avaient des téléphones à clapet qu'ils ne pouvaient pas utiliser dix heures par jour, car c'était fastidieux. Ces téléphones les aidaient pour se retrouver en personne. Mais tout a changé très rapidement entre 2010 et 2015. Partout dans les pays riches, les adolescents sont passés aux smartphones. Ceux-ci disposent de l'Internet à haut débit, de caméras frontales et d'Instagram, premier réseau social conçu spécialement pour les téléphones. Les jeunes de la génération Z sont ainsi les premiers de l'Histoire à traverser la puberté avec un portail en poche qui les éloigne de leur entourage. Ils sont les cobayes d'une éducation totalement inédite.
En quoi est-ce un bouleversement majeur ?
Les téléphones ont pris le dessus sur presque tout le reste. Aux Etats-Unis, la moitié des adolescents disent qu'ils sont en ligne presque tout le temps. Même quand ils parlent, ils sont sur leur téléphone et le consultent sans cesse. Beaucoup ne sont ainsi jamais complètement présents dans le monde réel. Et écartent donc les moments partagés avec des amis, les interactions sociales incarnées, les jeux en face à face, les livres, les hobbies... Soit tout ce qui est important dans une enfance et qui contribue à un développement humain sain. Avant l'avènement d'Internet, les enfants passaient certes déjà beaucoup de temps devant leur télé. Mais il était possible de regarder six heures de télévision par jour tout en faisant autre chose. Et vous ne pouviez pas rapporter votre poste de télévision à l'école ou à table. Les parents ne laissaient pas un téléviseur dans la chambre d'un enfant. A l'inverse, un smartphone vous accompagne tout le temps. Vous le consultez sans cesse, dans votre lit, en cours ou en mangeant.
Jonathan Haidt a suscité un débat scientifique mondial avec son best-seller.
Les données sont-elles vraiment inquiétantes en matière de santé mentale des jeunes ? Ne sommes-nous pas simplement plus sensibles à cette problématique, ce qui permet d'en parler plus ouvertement ?
La libération de la parole a commencé dès les années 1980. Quand j'étais petit, il était effectivement honteux de dire qu'on consultait un psy. Mais depuis, cela a bien changé. Or les données en matière de santé mentale chez les jeunes sont restées stables dans les années 1990 et 2000. Si la déstigmatisation des troubles mentaux était la cause de la crise de la santé mentale chez les jeunes, pourquoi celle-ci n'a-t-elle débuté qu'au début des années 2010 ? Aux Etats-Unis, les cas de dépression majeure chez les adolescents ont commencé à grimper aux alentours de 2012. Depuis, ces cas ont été multipliés par deux et demi, touchant toutes les catégories sociales. Cette forte hausse, qui concerne surtout des troubles anxieux et dépressifs, se concentre principalement sur la génération Z. On observe des phénomènes similaires dans les pays occidentaux. Or, en 2010, peu de jeunes avaient un smartphone et Instagram. En 2015, tout le monde disposait de cette application. Et 2012 est aussi l'année où Facebook a racheté Instagram, lui offrant une notoriété supplémentaire.
Des scientifiques vous reprochent de confondre corrélation et causalité, estimant qu'un lien direct entre santé mentale chez les jeunes et smartphone n'est pas établi, ou que la dépression peut pousser des adolescents vers les réseaux sociaux, et non l'inverse...
De nombreux éléments soutiennent ce lien. D'abord, les entreprises du numérique ont elles-mêmes admis qu'elles nuisaient aux enfants ! Des lanceurs d'alerte et des procédures judiciaires ont établi que trois entreprises, TikTok, Snap et Meta, infligeaient des dommages aux enfants à une échelle industrielle. Euxmêmes le savent, et le disent. Un document interne a par exemple prouvé que Snap recevait 10 000 signalements de sextorsion par mois ! Le FBI a enquêté sur 13 000 cas, et a établi un lien avec au moins 20 suicides, essentiellement des garçons qui, une fois qu'ils ont reçu une photo de leur pénis pour les faire chanter financièrement, se sont tués. Ces jeunes sont morts parce qu'ils étaient sur une plateforme facilitant la communication avec des étrangers.
Par ailleurs, les chercheurs qui nient ce lien de causalité entre smartphones et santé mentale se concentrent sur une seule donnée : le nombre d'heures par jour passées sur des appareils numériques. Mais cette variable ne montre qu'une petite partie de ce qui se passe. Les expériences menées pendant plusieurs semaines sur des groupes randomisés prouvent que, quand on demande à des adolescents et des jeunes de se tenir éloignés des réseaux sociaux, les taux d'anxiété et de dépression sont plus faibles. Ces expériences sur la durée sont bien plus intéressantes que celles qui se focalisent sur une journée.
La génération Z n'est-elle pas plus anxieuse du fait de l'état du monde, et notamment du réchauffement climatique ?
Il n'existe aucune génération qui n'ait eu à affronter des catastrophes ou à grandir sous la menace d'un désastre à venir. Pensez au risque de conflit nucléaire pendant la guerre froide ! Ce ne sont pas les menaces extérieures, mais l'isolement, le sentiment de solitude et d'inutilité qui rendent les personnes dépressives. Une fois que les jeunes de génération Z ont eu accès aux smartphones et aux réseaux sociaux, ils se sont sentis plus seuls et plus isolés. La crise écologique ne vous fait pas sentir seul, mais au contraire vous pousse à la mobilisation.
« Les téléphones ont pris le dessus sur presque tout le reste », constate Haidt.
Chaque nouvelle technologie radio, télévision, jeux vidéo... a provoqué une panique morale. N'est-ce pas à nouveau la même chose ?
C'est un bon argument. Mais connaissez-vous la fable L'Enfant qui criait au loup ? Ce n'est pas parce qu'il y a eu de fausses alertes par le passé que la menace ne finit pas par arriver. La situation actuelle est différente pour plusieurs raisons. D'abord, les précédentes paniques morales étaient souvent poussées par des médias qui se fondaient sur des histoires sensationnalistes, soit rares, soit fausses. Peut-être qu'un garçon jouant aux jeux vidéo a un jour tué sa maman, mais ce fait divers n'est nullement représentatif. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Presque tout le monde constate l'effet de ces nouvelles technologies numériques sur les enfants.
Ce sont d'abord les parents qui ont observé le phénomène de première main. Par ailleurs, lors des précédents épisodes de panique morale, les enfants aimaient vraiment les nouvelles technologies mises en cause par les médias. Les enfants appréciaient les BD, la télévision, les jeux vidéo... Ils ne se sentaient pas victimes des entreprises qui leur fournissaient ces divertissements. Mais les études sur la génération Z montrent que les jeunes sont très lucides sur les réseaux sociaux. Ils ont l'impression d'être piégés, parce que tout le monde est sur ces plateformes et qu'ils n'ont donc pas le choix.
Enfin, jamais une crise de la santé mentale, mesurable de façon objective, n'a débuté au moment même où une nouvelle technologie se répandait. Dans le cas des smartphones et des réseaux sociaux, la concomitance est flagrante autour de l'année 2012.
Votre livre alerte sur une autre évolution majeure : la réduction de l'autonomie de nos enfants dans la vraie vie. Ceux-ci jouent de moins en moins dehors avec leurs amis, sans leurs parents. En quoi serait-ce inquiétant ?
Les jeunes mammifères sont programmés pour prendre des risques. C'est comme ça qu'ils surpassent leurs peurs enfantines et qu'ils apprennent à évaluer le danger. Si vous bloquez cela, vous bloquez leur développement. Les enfants sont des amateurs de sensations fortes, ils ont besoin de prendre des risques sans être surveillés, de telle façon à ce qu'ils apprennent à les gérer. En leur interdisant de jouer librement au nom de leur sécurité, nous les empêchons justement de développer ces compétences.
Nous surprotégeons ainsi nos enfants dans la vraie vie, tout en les sousprotégeant dans la jungle numérique. N'est-ce pas paradoxal ?
Imaginez que vous grandissez dans une maison. Devant celle-ci, il y a un pré avec des lapins. Et à l'arrière, une forêt avec des loups. Empêcheriez-vous votre enfant de jouer dans le pré afin d'éviter les risques de morsure de lapin, tout en le laissant s'aventurer seul dans la forêt ? Bien sûr que non, ce serait de la folie. Mais c'est ce qui se passe aujourd'hui ! La parentalité a perdu tout sens des réalités. A partir des années 1980, du fait de paniques morales alimentées par les médias, nous sommes devenus obsédés par le kidnapping des enfants et par les prédateurs sexuels. Alors mêmes qu'ils n'ont jamais été aussi en sécurité, les enfants ne sortent plus sans être accompagnés. Nous les avons donc laissés à l'intérieur. Mais en même temps est arrivé Internet. Nous nous sommes dit que c'était un outil formidable, et nous avons laissé les enfants apprendre à se servir d'un ordinateur. Et les débuts d'Internet ont effectivement été formidables. Il y avait certes des contenus dangereux, mais globalement, les milléniaux qui s'en sont servis adolescents ont grandi sainement. C'est quand des entreprises comme Meta et plus tard TikTok ont obtenu un monopole sur notre attention, à l'aide d'algorithmes, que le monde numérique a réellement changé, et qu'il est devenu bien moins favorable à l'exploration pour les enfants. Vous noterez toute l'ironie de la situation. Les parents actuels ont peur que leurs enfants soient enlevés ou victimes d'un pédophile s'ils jouent dehors. Alors même que les pédophiles sont aujourd'hui tous sur Instagram et Snapchat, le moyen le plus sûr pour eux de rentrer en contact avec des mineurs ! Nous, parents, nous inquiétons à mauvais escient. Si nous voulons vraiment que nos enfants soient en sécurité, nous devrions les laisser jouer en toute indépendance à l'extérieur.
« Les parents ont peur que leurs enfants soient victimes de pédophiles s'ils jouent dehors, alors même que ceux-ci sont tous sur Instagram et Snapchat »
Comment expliquer l'écart de genre en matière de santé mentale entre filles et garçons ?
Les réseaux sociaux sont conçus comme un véritable piège pour les filles. Tandis que les garçons se sont tournés vers les vidéos YouTube et surtout les jeux vidéo en ligne à joueurs multiples, les filles ont été attirées par les plateformes telles qu'Instagram puis Snapchat ou Tumblr. En moyenne, pour des raisons culturelles ou biologiques, elles valorisent plus l'information sociale que les garçons. Par le passé, les filles communiquaient entre elles bien plus que les garçons, par le téléphone ou en face à face. Mais aujourd'hui, cela passe par les réseaux sociaux. Or, une fois que vous êtes sur une plateforme, il devient difficile de la quitter, au risque de connaître l'isolement social.
Historiquement, nous nous sommes toujours préoccupés des contenus. La télévision diffusait des programmes violents ? Nous les avons interdits pour les mineurs. Mais avec les réseaux, le problème est moins le contenu que le médium. Même si nous arrivions à nous débarrasser de tous les contenus dangereux, le problème demeurerait, notamment du fait de la comparaison sociale. Que voient les filles aujourd'hui ? D'autres filles magnifiques qui mènent en apparence une existence de rêve qu'elles mettent en avant sur Instagram ou ailleurs. Cela ne peut que vous faire sentir inférieure à la moyenne, moins séduisante et moins heureuse. Les filles sont plus vulnérables à la comparaison visuelle, notamment à l'appréciation ou à la critique de leur visage et de leur corps. Or les plateformes visuelles de réseaux sociaux, fondées sur le selfie, sont très efficaces pour abaisser le baromètre interne qui nous situe par rapport aux autres. Les filles sont aussi plus susceptibles de développer une forme de perfectionnisme, qui les pousse à vouloir correspondre à des normes impossibles à satisfaire, imposées par d'autres ou par la société. Dans tous les cas, autour de 2012, les chiffres en matière de santé de mentale se sont d'abord détériorés chez les filles bien plus que chez les garçons. C'est le moment même où elles sont devenues hyperconnectées.
Qu'en est-il des garçons ?
Comme les garçons sont en moyenne moins touchés par les comparaisons sociales, les réseaux sociaux s'avèrent moins néfastes pour eux en matière d'anxiété et de dépression. En revanche, ceux-ci peuvent les encourager à faire des choses dangereuses. Des centaines d'entre eux sont morts du fait de défis idiots sur TikTok, tel celui du foulard.
Par ailleurs, on sait que longtemps, les jeunes hommes étaient bien plus nombreux à l'université que les jeunes femmes.
Mais ce rapport s'est inversé dans les années 1980. Aujourd'hui, de l'école maternelle au doctorat, les filles battent les garçons à plate couture. Aux Etats-Unis, à l'âge de 30 ans, les jeunes hommes sont bien plus susceptibles que les jeunes femmes de toujours habiter chez leurs parents. Les garçons ont plus de mal que les filles à « prendre leur envol ». Le chercheur Richard Reeves a montré que ces évolutions, bien sûr positives pour les femmes mais inquiétantes pour les hommes, reposaient sur des changements structurels, avec la désindustrialisation des pays occidentaux, le développement d'une économie de services et la dévaluation de la force physique. Je pense que l'environnement numérique actuel, avec les jeux vidéo en ligne multijoueurs ou l'accès illimité à la pornographie qui réduisent les interactions sociales de visu, n'encourage pas non plus les jeunes hommes à travailler à l'école ou à s'insérer dans la vie active.
Les réseaux sociaux ne permettent-ils pas aux jeunes qui se sentent isolés ou qui appartiennent à une minorité sexuelle de trouver une communauté ?
C'est ce qu'on ne cesse de répéter. Quand je mets en cause les réseaux sociaux, des scientifiques me répondent qu'il faut fournir un lien de causalité. Mais à l'inverse, on dit que les réseaux sociaux créent des communautés pour les jeunes, sans aucune preuve. Alors que le caractère néfaste des réseaux sociaux est mis en lumière par des études corrélationnelles, longitudinales et expérimentales, très peu de travaux traitent de bénéfices pour la santé mentale des adolescents.
Les réseaux sociaux sont très utiles pour les adultes, qui ont besoin de se faire un réseau professionnel. Mais les enfants n'ont nul besoin de parler à des étrangers ! Ils devraient faire du « networking » avec leurs amis dans la vraie vie. Pour les adolescents de plus de 16 ans, les réseaux sociaux présentent des avantages et des inconvénients. Mais pour des enfants de 10 ans, je ne vois aucun bénéfice.
Attention également à ne pas confondre réseaux sociaux et Internet en général. On nous dit que sans ces réseaux, des jeunes LGBT ne pourraient pas trouver d'informations sur leurs orientations sexuelles. Comme s'ils n'étaient pas capables de faire des recherches Google ! Non, il leur faudrait absolument un algorithme leur soumettant directement des contenus... De même, il leur serait impossible de parler à d'autres jeunes gays sans TikTok ? C'est insensé. D'autant plus que les adolescents LGBT ont plus de risques d'être confrontés à des contenus violents et à du cyberharcèlement sur ces réseaux.
Que devraient faire les autorités publiques ?
La mesure la plus simple, c'est l'interdiction des smartphones dans les écoles. Les enseignants détestent très majoritairement les téléphones, mais ils sont effrayés de la réaction des parents. La France a été précurseur pour prendre des mesures interdisant les smartphones en classe. Mais l'interdiction ne fonctionne vraiment que si vous la généralisez dans tout l'établissement scolaire. Car sinon, il suffit aux élèves de cacher leur smartphone sous leur table durant les cours. Et même si vous arrivez à faire respecter la règle en salle de classe, vous pouvez être certain que les écoliers ou collégiens se jetteront sur leur téléphone à la sortie, vu qu'ils en ont été privés pendant une heure. Durant les pauses ou à la cantine, tout le monde sera sur son smartphone. Résultat : les enfants se sentent bien plus seuls aujourd'hui qu'en 2010...
Quels sont vos conseils pour les parents ?
Je préconise l'interdiction du smartphone jusqu'à l'âge de 14 ans, et celle des réseaux sociaux jusqu'à 16 ans. Tous les parents devraient se demander quand il est souhaitable que leurs enfants cessent de lire et de parler aux autres. Car quand vous donnez un téléphone à un jeune, c'est ce qui se produit le plus souvent. Il nous faut donc un âge minimum. L'interdiction à 14 ans garantit que tout le monde débute sa puberté sans téléphone.
Vous remarquez que dans les pays développés, nous avons des limites d'âge pour la représentation de la sexualité, la violence, l'addiction et le danger physique. Si un produit propose l'une de ces quatre choses, nous l'interdisons aux mineurs. Or, une fois que vous laissez vos enfants sur les réseaux sociaux, ils vont être exposés à la pornographie, à des scènes de violence (surtout les garçons sur TikTok), à l'addiction (près de 10 % des enfants ont un usage problématique de ces réseaux) et à des risques de harcèlement. Si nous imposons une limite d'âge pour l'alcool et les jeux d'argent, nous devrions faire de même pour les réseaux sociaux. L'idéal à mes yeux est 16 ans. Mais cela ne fonctionne que si la majorité adopte cette règle. Car si vous êtes un parent, il est difficile de prohiber à votre enfant quelque chose que tous ses camarades possèdent. « Maman, je suis la seule à ne pas être sur Instagram ! » Cette phrase vous brise forcément le coeur, et vous lâchez du lest. Les parents doivent donc se réunir, soit par le biais de l'école, soit en communiquant avec les parents des meilleurs amis de leur enfant.
Et que faire pour encourager ses enfants à sortir de chez eux ?
Cela dépend bien sûr du lieu où vous habitez. En Scandinavie ou en Allemagne, il y a toujours cette tradition de laisser les enfants jouer à l'extérieur. Dans les pays anglophones, c'est fini. Nos parents nous disaient de sortir, d'éteindre la télévision et de jouer avec nos camarades. Mais aujourd'hui, de moins en moins de jeunes se retrouvent à l'extérieur. Il est donc plus difficile d'inciter votre enfant à sortir. Mais il faut tout faire pour préserver les moments où les enfants sont entre eux, sans la présence d'adultes. Les miens ont l'habitude de faire des soirées pyjamas avec deux ou trois amis, et nous les laissons seuls dans l'appartement. C'est très important, car ils décident quoi faire, ils rient, ils fixent leurs propres règles. J'ai aussi développé un projet nommé Free PlayClub. De nombreux parents ont peur de laisser leurs enfants dans les rues. L'idée est donc de permettre l'ouverture d'aires de jeux au sein des écoles en dehors des heures de cours. S'il y a des créneaux pour que les enfants puissent jouer dans un espace sécurisé sans supervision, c'est la solution idéale. Parfois, ils tomberont et s'écorcheront les genoux. Mais c'est une bonne chose !
En 2024, votre livre est devenu un phénomène de société, tout en suscitant un débat scientifique...
C'est incroyable. Je débats avec une demi-douzaine de psychologues qui estiment que nous ne disposons pas de preuves scientifiques sur ce lien de causalité entre santé mentale et smartphones. Il y a donc une discussion académique en cours sur les études. Mais en dehors de cela, l'accueil a été presque unanimement positif. Personne ne s'oppose à des écoles sans smartphones, ou à l'idée que les enfants devraient davantage jouer entre eux. Les parents voient bien, dans leur quotidien, qu'il ne s'agit pas d'une panique morale traditionnelle. Ils sont désemparés. L'Australie-Méridionale a été l'un des premiers Etats à introduire une interdiction des réseaux sociaux jusqu'à 16 ans. Lafemme du Premier ministre, Peter Malinauskas, a lu mon livre et dit à son mari qu'il fallait faire quelque chose. Depuis un mois et demi, cette interdiction a été généralisée dans toute l'Australie, avec le soutien de nombreux parents.
Génération anxieuse, par Jonathan Haidt. Trad. de l'anglais (américain) par Jenny Bussek. Les Arènes, 433 p., 24,90 . Parution le 16 janvier.
“家长们清楚地意识到智能手机存在问题”
封面专题
独家访谈
美国心理学家乔纳森·海特在《焦虑的一代》一书中,对智能手机和社交网络给年轻人心理健康带来的影响发出警示。
采访人:托马斯·马勒
2024年,没有哪本书比它更具影响力。《焦虑的一代》英文版于3月问世,销量已超百万册,并连续40周登上《纽约时报》畅销书榜单。其作者乔纳森·海特是纽约大学杰出的社会心理学家兼教授,他就自己所称的“童年的重大重塑”带来的后果发出警告。和他的同行简·特温格一样,海特将2010年代初智能手机和社交网络的出现,与同时期困扰Z世代的心理健康问题直接联系起来。2019年,五分之一的美国大学生被诊断或接受过抑郁症治疗,而在十年前这一比例仅为十分之一。自2010年起,美国10至14岁女孩的自杀率增长了一倍多。
在乔纳森·海特看来,数字技术以及Instagram、TikTok等占据青少年注意力并使其孤立的社交网络,并非唯一的罪魁祸首。未成年人经常可以自由使用手机,但在现实生活中却被父母过度保护,然而无监管的玩耍对他们的成长至关重要。这本畅销书引发了激烈的科学辩论。在《自然》杂志上,心理学家坎迪斯·奥德格斯批评他混淆了相关性和因果关系,认为有心理健康问题的年轻人比其他人更常使用社交网络。相反,微软联合创始人比尔·盖茨称这本书“对于所有养育或教育年轻人的人来说都是必读之作”,《经济学人》《纽约时报》和《华尔街日报》也将其评为2024年最佳书籍之一。最重要的是,乔纳森·海特引发了一场全球大辩论。11月28日,澳大利亚议会通过了一项法律,禁止16岁以下青少年使用社交网络,这正是这位心理学家的建议。
在《焦虑的一代》1月16日由阿雷纳出版社推出法语版前夕,乔纳森·海特接受了《快报》的独家专访。他为自己的论点辩护,解释了男孩和女孩之间的差异,并给家长们提供了建议。
- 您将智能手机和社交网络的出现(您称之为 “重大重塑”)与年轻人焦虑和抑郁问题的增加直接联系起来。您的依据是什么?
乔纳森·海特:童年是什么?这是哺乳动物为促进大脑发育而形成的一种进化策略,玩耍在其中起到了重要作用。所有哺乳动物都会玩耍。千禧一代(即出生于20世纪80年代和90年代的人)在青春期时,使用的是翻盖手机,由于使用起来不方便,他们不会每天使用长达10小时。这些手机只是帮助他们与他人见面。但在2010年至2015年间,一切都发生了迅速变化。在所有发达国家,青少年都开始使用智能手机。这些手机具备高速网络、前置摄像头以及专为手机设计的首个社交网络Instagram。因此,Z世代的年轻人是历史上第一批在青春期怀揣着一个让他们远离周围人的口袋端口的人。他们是前所未有的教育方式的试验品。
- 这为何是一个重大变革?
手机几乎占据了一切。在美国,一半的青少年表示他们几乎一直处于在线状态。即使在交谈时,他们也在玩手机,不停地查看手机。很多人因此从未真正融入现实世界。他们避开了与朋友共享的时光、亲身的社交互动、面对面的游戏、书籍、兴趣爱好…… 而这些在童年时期至关重要,对健康的人类发展大有裨益。在互联网出现之前,孩子们确实也花很多时间看电视。但人们可以在看电视的同时做其他事情,而且你不能把电视带到学校或餐桌上,家长也不会在孩子的房间里放电视。相反,智能手机却时刻伴随左右。人们在床上、课堂上、吃饭时都在不停地查看手机。
乔纳森·海特的畅销书引发了全球科学辩论。
- 在年轻人心理健康方面,数据真的令人担忧吗?我们是不是只是对这个问题更加敏感,所以才更公开地谈论它呢?
自20世纪80年代起,人们对心理健康问题的讨论就开始变得更加开放。在我小时候,如果说自己去看心理医生,确实会感到羞愧。但从那以后,情况发生了很大变化。然而,在20世纪90年代和21世纪初,年轻人的心理健康数据一直保持稳定。如果消除对心理疾病的污名化是年轻人心理健康危机的原因,那么为什么这场危机直到2010年代初才开始呢?在美国,青少年重度抑郁症病例从2012年左右开始攀升。从那时起,病例数增加了两倍半,涉及所有社会阶层。这种大幅增长主要集中在焦虑和抑郁障碍上,且主要影响Z世代。在西方国家也观察到类似现象。2010年,很少有年轻人拥有智能手机和Instagram;到2015年,每个人都有了这款应用程序。2012年也是Facebook收购Instagram的年份,这让Instagram的知名度进一步提高。
- 一些科学家指责您混淆了相关性和因果关系,认为年轻人心理健康与智能手机之间的直接联系并未得到证实,或者是抑郁症导致青少年沉迷社交网络,而非相反……
有很多因素支持这种联系。首先,数字科技企业自己都承认它们对孩子有害!一些警示报告和法律程序表明,TikTok、Snap和Meta这三家企业在大规模地伤害儿童。它们自己也清楚这一点,并予以承认。例如,一份内部文件显示,Snap每月收到1万起性敲诈举报!美国联邦调查局(FBI)调查了1.3万起案件,并确定至少与20起自杀事件有关,主要是一些男孩,他们在收到自己阴茎的照片并被勒索钱财后选择自杀。这些年轻人之所以死亡,是因为他们使用的平台方便了与陌生人的交流。
此外,否认智能手机与心理健康之间因果关系的研究人员只关注一个数据:每天使用数字设备的时长。但这个变量只显示了部分情况。对随机分组进行的为期数周的实验表明,当要求青少年和年轻人远离社交网络时,他们的焦虑和抑郁水平会降低。这些长期实验比那些只关注某一天的实验更有意义。
- Z世代是不是因为世界现状,尤其是气候变化,才更加焦虑呢?
没有哪一代人在成长过程中不需要面对灾难或在灾难威胁下生活。想想冷战时期的核冲突风险!让人抑郁的不是外部威胁,而是孤独感、孤立感和无用感。Z世代的年轻人一旦接触到智能手机和社交网络,就会感到更加孤独和孤立。生态危机不会让人感到孤独,反而会激发人们行动起来。
海特指出:“手机几乎占据了一切。”
- 每一项新技术,如收音机、电视、电子游戏…… 都会引发道德恐慌。这次不也是同样的情况吗?
这是个很有道理的观点。但你知道 “狼来了” 的寓言故事吗?不能因为过去有过虚假警报,就认为威胁永远不会到来。当前的情况有所不同,原因有以下几点。首先,以前的道德恐慌往往是由媒体基于耸人听闻的故事(这些故事要么罕见,要么是假的)引发的。也许有个玩电子游戏的男孩曾杀害了他的母亲,但这一事件并不能代表普遍情况。如今情况恰恰相反,几乎每个人都能看到这些新数字技术对孩子的影响。
首先注意到这一现象的是家长。此外,在之前的道德恐慌事件中,孩子们真的很喜欢被媒体指责的新技术。孩子们喜欢漫画书、电视、电子游戏…… 他们不觉得自己是提供这些娱乐的企业的受害者。但对Z世代的研究表明,年轻人对社交网络非常清醒。他们觉得自己被困住了,因为每个人都在这些平台上,他们别无选择。
最后,从未有过在一项新技术普及之时,客观可衡量的心理健康危机恰好同时爆发的情况。而在智能手机和社交网络的案例中,2012年左右这种相关性非常明显。
- 您的书还警示了另一个重大变化:我们的孩子在现实生活中的自主性在下降。他们越来越少地在没有父母陪伴的情况下和朋友在户外玩耍。这为何令人担忧呢?
幼年哺乳动物天生就倾向于冒险。只有这样,它们才能克服童年的恐惧,并学会评估危险。如果你阻止这一点,就会阻碍它们的发展。孩子们喜欢强烈的刺激,他们需要在无人监管的情况下冒险,以便学会应对风险。我们以安全为名禁止他们自由玩耍,实际上是在阻止他们培养这些能力。
- 我们在现实生活中过度保护孩子,却在数字丛林中对他们保护不足。这难道不矛盾吗?
想象一下,你在一所房子里长大。房子前面有一片草地,草地上有兔子;房子后面有一片森林,森林里有狼。你会为了避免孩子被兔子咬伤而禁止他在草地上玩耍,却让他独自在森林里冒险吗?当然不会,这太荒谬了。但这正是如今发生的事情!为人父母已经失去了对现实的判断。从20世纪80年代开始,由于媒体引发的道德恐慌,我们对儿童绑架和性侵犯问题变得极为担忧。尽管孩子们从未像现在这样安全,但他们没有大人陪同就不再出门。于是我们让他们待在家里。但与此同时,互联网出现了。我们认为这是一个很棒的工具,就让孩子们学习使用电脑。互联网发展初期确实很棒,虽然存在危险内容,但总体而言,青少年时期使用互联网的千禧一代健康地成长起来了。但当Meta等公司,以及后来的TikTok通过算法吸引了我们所有的注意力后,数字世界发生了真正的变化,对孩子们的探索变得不那么友好了。你会发现这种情况充满了讽刺意味。现在的家长担心孩子在户外玩耍时被绑架或成为恋童癖的受害者,然而如今恋童癖者都在Instagram和Snapchat上,这些平台才是他们与未成年人接触的最便捷途径!我们这些家长真是杞人忧天。如果我们真的希望孩子安全,就应该让他们在户外独立玩耍。
“家长们担心孩子在户外玩耍时成为恋童癖的受害者,然而恋童癖者如今都在Instagram和Snapchat上。”
- 如何解释女孩和男孩在心理健康方面的性别差异呢?
社交网络对女孩来说就像一个真正的陷阱。男孩们转向了YouTube视频,尤其是多人在线游戏,而女孩们则被Instagram、Snapchat或Tumblr等平台吸引。平均而言,由于文化或生物学原因,女孩比男孩更重视社交信息。过去,女孩之间的交流比男孩多,无论是通过电话还是面对面交流。但如今,交流都通过社交网络进行。一旦你上了某个平台,就很难离开,否则就可能面临社交孤立。
从历史上看,我们一直关注内容。电视播放暴力节目?我们禁止未成年人观看。但对于社交网络来说,问题与其说是内容,不如说是媒介本身。即使我们能够清除所有危险内容,问题依然存在,尤其是因为社交比较。如今女孩们看到了什么?其他漂亮的女孩在Instagram或其他平台上展示着看似完美的生活。这只会让她们觉得自己比别人差,不那么有吸引力,也不那么幸福。女孩更容易受到视觉比较的影响,尤其是对自己脸部和身材的评价或批评。而基于自拍的视觉社交平台很容易降低我们内心衡量自己与他人差距的标准。女孩也更容易形成某种完美主义,这促使她们追求他人或社会强加的、无法实现的标准。无论如何,大约在2012年,女孩的心理健康数据比男孩恶化得更快。
那时正是她们过度依赖社交网络的时候。
- 男孩的情况又是怎样的呢?
由于男孩平均来说受社交比较的影响较小,社交网络对他们在焦虑和抑郁方面的危害较小。然而,社交网络可能会鼓励他们做出危险行为。数百名男孩因TikTok上的愚蠢挑战(比如 “围巾挑战”)而丧命。
此外,我们知道,长期以来,上大学的年轻男性比年轻女性多。但在20世纪80年代,这种比例发生了逆转。如今,从幼儿园到博士阶段,女孩在学业上全面超越男孩。在美国,30岁的年轻男性比年轻女性更有可能仍和父母住在一起。男孩比女孩更难 “展翅高飞”。研究员理查德·里夫斯指出,这些变化对女性来说无疑是积极的,但对男性来说却令人担忧,这是基于结构性变化,包括西方国家的去工业化、服务业的发展以及体力价值的贬低。我认为,当前的数字环境,如有多人在线游戏或无限制访问色情内容,减少了面对面的社交互动,也不利于鼓励年轻男性在学业上努力或融入职场。
- 社交网络难道不能帮助那些感到孤独或属于性少数群体的年轻人找到社群吗?
人们一直这么说。当我质疑社交网络时,一些科学家要求我提供因果关系的证据。但反过来,人们声称社交网络为年轻人创造了社群,却没有任何证据。虽然相关的、纵向的和实验性研究都揭示了社交网络的危害,但很少有研究探讨其对青少年心理健康的益处。
社交网络对成年人非常有用,他们需要建立职业人脉。但孩子们根本不需要和陌生人交谈!他们应该在现实生活中与朋友建立联系。对于16岁以上的青少年来说,社交网络有利有弊。但对于10岁的孩子来说,我看不到任何好处。
也要注意不要把社交网络和整个互联网混为一谈。有人说,如果没有社交网络,LGBT青少年就无法获取关于性取向的信息。难道他们不会用谷歌搜索吗?不,他们非要算法直接推送内容…… 同样,没有TikTok他们就不能和其他同性恋青少年交流了吗?这太荒谬了。更何况LGBT青少年在这些社交网络上更有可能接触到暴力内容和网络骚扰。
- 公共当局应该怎么做?
最简单的措施就是在学校禁止使用智能手机。绝大多数教师都不喜欢学生在学校使用手机,但他们害怕家长的反应。法国是率先采取措施禁止在课堂上使用智能手机的国家之一。但只有在整个学校都全面禁止,这项禁令才真正有效。否则,学生们在课堂上会把手机藏在桌子下面。即使你能让学生在教室里遵守规定,也可以肯定的是,小学生或初中生一放学就会抓起手机,因为他们已经被剥夺了使用手机一小时的时间。在课间休息或食堂里,每个人都会玩手机。结果就是,如今的孩子比2010年时感觉更加孤独……
- 您对家长有什么建议?
我建议禁止14岁以下的孩子使用智能手机,禁止16岁以下的孩子使用社交网络。所有家长都应该思考孩子什么时候不再适合阅读和与他人交流。因为当你给孩子一部手机时,最常见的情况就是他们不再这样做了。所以我们需要设定一个最低年龄。14岁开始禁止使用手机,可以确保每个人在青春期开始时都没有手机。
你会发现,在发达国家,我们对性、暴力、成瘾和身体危险的呈现都有年龄限制。如果某个产品包含这四者之一,我们就禁止未成年人接触。然而,一旦让孩子使用社交网络,他们就会接触到色情内容、暴力场景(尤其是在TikTok上的男孩)、成瘾问题(近10% 的孩子存在社交网络使用问题)以及被骚扰的风险。如果我们对酒精和赌博设定年龄限制,那么也应该对社交网络采取同样的措施。在我看来,理想的年龄是16岁。但只有大多数人都遵守这条规定,它才会有效。因为作为家长,很难禁止孩子接触其他孩子都有的东西。“妈妈,只有我不在Instagram上!” 这句话肯定会让你心疼,然后就妥协了。因此,家长们应该联合起来,可以通过学校,也可以和孩子好朋友的家长沟通。
- 那么如何鼓励孩子出门呢?
这当然取决于你居住的地方。在斯堪的纳维亚国家或德国,一直有让孩子在户外玩耍的传统。在英语国家,这种传统已经消失了。过去我们的父母会让我们出去,关掉电视,和小伙伴一起玩。但如今,越来越少的年轻人在户外玩耍。因此,鼓励孩子出门变得更加困难。但我们必须尽一切努力保护孩子们在没有成年人在场的情况下相处的时光。我的孩子们习惯和两三个朋友一起举办睡衣派对,我们让他们独自在公寓里玩。这非常重要,因为他们可以决定做什么,尽情欢笑,制定自己的规则。我还发起了一个名为 “自由玩耍俱乐部” 的项目。很多家长都不敢让孩子在街上玩耍。所以这个项目的理念是在课余时间开放学校内的游乐区域。如果能有让孩子们在安全且无人监管的空间里玩耍的时段,那就是理想的解决方案。有时他们可能会摔倒,擦伤膝盖。但这是好事!
2024年,您的书成为了一种社会现象,同时也引发了科学辩论…… 这太不可思议了。我和几位心理学家进行了辩论,他们认为我们没有科学证据证明心理健康与智能手机之间存在因果关系。因此,学术界对相关研究仍有讨论。但除此之外,外界的反应几乎都是积极的。没有人反对无手机学校,也没有人反对孩子们应该更多地一起玩耍的观点。家长们在日常生活中清楚地意识到,这并非传统的道德恐慌。他们感到不知所措。南澳大利亚州是最早禁止16岁以下青少年使用社交网络的州之一。南澳大利亚州州长彼得·马利纳乌斯卡斯的妻子读了我的书后,告诉他必须采取行动。在一个半月的时间里,这项禁令在全澳大利亚推行,并得到了许多家长的支持。
《焦虑的一代》,乔纳森·海特著,珍妮·布斯克英译法,阿雷纳出版社出版,433页,售价24.90欧元,1月16日出版。
——以上文本翻译及分析内容由AI提供(豆包)