20250304 Chantal Akerman à propos de "D'Est"
« Je voudrais faire un grand voyage à travers l’Europe de l’Est tant qu’il est encore temps. La Russie, la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l’ex-Allemagne de l’Est, jusqu’en Belgique. Je voudrais filmer là-bas à ma manière documentaire frôlant la fiction. Tout ce qui me touche. Des visages, des bouts de rues, des voitures qui passent et des autobus, des gares et des plaines, des rivières ou des mers, des fleuves et des ruisseaux, des arbres et des forêts. Des champs et des usines et encore des visages, de la nourriture, des intérieurs, des portes, des fenêtres, des préparations de repas. Des femmes et des hommes, des jeunes et des vieux qui passent ou qui s’arrêtent, assis ou debout, parfois même couchés. Des jours et des nuits, la pluie et le vent, la neige et le printemps. Et tout cela qui se transforme doucement, tout au long du voyage, les visages et les paysages. [...] Je voudrais enregistrer les sons de cette terre, faire ressentir le passage d’une langue à l’autre, avec leurs différences, leurs similitudes 2. »
2. Chantal Akerman, « À propos de D’Est », 1991, in Chantal Akerman : D’Est, au bord de la fiction, cat. exp., Bruxelles, Société des expositions du Palais des Beaux-Arts ; Paris, Galerie nationale du Jeu de Paume, 1995, p. 17-20.